19 août : sur le fil de l’histoire africaine

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mardi 19 août 2025

Chaque 19 août, l’Afrique semble retenir son souffle. Ce jour-là, les pages de son histoire se noircissent de sang, s’illuminent de victoires ou s’emplissent de cris de révolte.

1805, Bamako. La poussière du Haut-Niger colle aux habits de Mungo Park. Les villageois observent, méfiants, ce Blanc venu sonder leur fleuve. Derrière son carnet de notes, c’est déjà l’ombre des conquêtes qui plane, la préfiguration d’un continent à coloniser.

1940, Berbera. Sous un soleil brûlant, les colonnes italiennes entrent dans la capitale du Somaliland britannique. Les Alliés ont fui vers Aden, laissant derrière eux une ville aux rues silencieuses. L’Afrique est encore un champ de bataille des empires, prise en otage dans une guerre qui n’est pas la sienne.

1960, Dakar. À l’Assemblée nationale, l’ambiance est électrique. Le Sénégal claque la porte de la Fédération du Mali. "Nous prenons notre destin en main", lance un député. Le lendemain, c’est l’indépendance proclamée, mais déjà l’amère constatation : l’unité africaine se fissure avant même d’avoir existé.

1981, ciel du golfe de Syrte. Deux flammes rouges zèbrent l’horizon. Des avions libyens tombent sous les missiles américains. Tripoli crie à la provocation. Washington affiche sa puissance. Le monde regarde, impuissant, une Méditerranée transformée en poudrière.

2011, Zawiya. Des coups de feu résonnent dans les ruelles. Les rebelles hissent leur drapeau, encerclant Tripoli. "Kadhafi tombera bientôt", murmure un combattant épuisé, la kalachnikov encore fumante. Le 19 août devient une étape décisive dans la chute d’un régime vieux de quarante ans.

2013, Dumba (Nigéria). Les survivants pleurent sur les cendres fumantes. Boko Haram a encore frappé, laissant derrière lui des dizaines de morts. Ce même jour, à des milliers de kilomètres, l’Afrique du Sud découvre que son héros paralympique, Oscar Pistorius, sera jugé pour meurtre. Le contraste est cruel : douleur populaire d’un côté, scandale médiatique de l’autre.

2017, Lomé. La marée humaine envahit les rues. "50 ans, ça suffit !" scandent les manifestants, le poing levé face aux forces de l’ordre. Le 19 août devient symbole de contestation, de refus d’une éternité politique.

Mais ce jour n’est pas que tragédies. 2019, Rabat. Des milliers d’athlètes africains défilent dans une explosion de couleurs et de chants. L’Afrique montre un autre visage : celui de sa jeunesse, de son énergie, de sa soif de fraternité.

Et depuis 2009, le 19 août résonne aussi comme un appel universel : celui de la Journée mondiale de l’aide humanitaire. Un rappel que, dans la tourmente, l’humanité doit tendre la main.

Le 19 août, l’Afrique pleure et espère. Entre cicatrices et élans, cette date dit tout : la fragilité de nos luttes, mais aussi la force de nos rêves.

 Ivoireinter