Tunis : la Méditerranée se rêve intelligente et souveraine

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lundi 13 octobre 2025

Sous le soleil limpide de novembre, la salle du Palais des Congrès de Tunis bourdonne d’accents venus des deux rives. Des badges multicolores, des regards curieux, des tablettes ouvertes sur des graphiques futuristes : la deuxième édition du Forum méditerranéen sur l’Intelligence Artificielle bat son plein.

« Ce n’est plus le temps de subir les algorithmes venus d’ailleurs, » lâche avec conviction Amina Chérif, jeune ingénieure tunisienne en robotique. « Notre région a ses propres défis : le climat, l’eau, la santé, l’éducation. Il faut une IA qui nous ressemble. »

Autour d’elle, des chercheurs, des entrepreneurs et des diplomates échangent sur les manières d’ancrer la technologie dans les réalités méditerranéennes. Car ici, on ne parle pas d’innovation pour briller, mais de coopération pour exister. Le forum, soutenu par le ministère tunisien des Technologies de la communication et le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, ambitionne de bâtir une vision commune, loin des modèles imposés par les géants du Nord.

« La Méditerranée doit cesser d’être un simple espace de transit numérique », affirme un représentant du Maroc. « Nous pouvons devenir une puissance d’idées, de régulation et de création. »

Plus de 600 acteurs du monde de l’IA sont réunis : experts, startups, institutions publiques. Dans les ateliers, on discute d’algorithmes pour prévoir les sécheresses, d’outils d’aide à la décision pour l’agriculture durable, ou encore de plateformes éducatives inclusives.

En filigrane, un même mot revient : souveraineté. Trois mois après la résolution historique de l’ONU sur la gouvernance mondiale de l’IA, Tunis veut marquer un tournant. Faire de cette technologie une arme d’émancipation régionale, pas un nouvel outil de dépendance.

En clôture, une voix s’élève : « L’intelligence artificielle ne doit pas nous déposséder de notre humanité. Elle doit nous permettre de la protéger. » Un tonnerre d’applaudissements. Dans la lumière dorée du soir, Tunis ressemble à un symbole : celui d’une Méditerranée qui choisit enfin de penser par elle-même.

Ivoireinter