L’Union
économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) est paralysée par un bras de
fer entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Le président ivoirien Alassane
Ouattara refuse de céder la présidence du conseil des ministres au Burkina
Faso, comme le prévoit la règle de rotation alphabétique. De son côté, Ibrahim
Traoré revendique le poste.
En
effet, Alassane Ouattara justifie son refus catégorique par le contexte
sécuritaire et diplomatique du Burkina Faso incompatible avec une telle
transition. Il déplore également l’attitude des pays de l’AES, dont le retrait
progressif du système communautaire pèse sur la stabilité financière de la
zone. Le niveau des investissements étrangers directs dans ces trois pays a
fortement chuté depuis trois ans. Mieux, la situation est compliquée par les tensions
entre Abidjan et Ouagadougou, qui s’accusent mutuellement d’opérations de
déstabilisation.
En
coulisses, AfricaIntelligence nous apprend que le Togo et le Bénin ont tenté de
promouvoir un compromis, celui de maintenir Alassane Ouattara à la tête de la
conférence des chefs d’État tout en laissant Ouagadougou prendre la présidence
du conseil des ministres actuellement occupé par le ministre ivoirien de
l’économie et des finances, Adama Coulibaly. Cette solution est également loin
d’être du goût du Président ivoirien qui reste campé sur sa position. Le
blocage de l’Uemoa pourrait avoir des conséquences graves sur la stabilité
financière de la zone et la crédibilité de l’union monétaire sur les marchés
financiers.
Le
Burkina Faso, soutenu par le Mali et le Niger au sein de l’Alliance des États
du Sahel (AES), revendique la présidence du conseil des ministres. Les trois
pays ont menacé de boycotter les travaux de l’organisation si le principe de
rotation n’est pas respecté. Ibrahim Traoré estime qu’aucun texte de
l’organisation ne permet de justifier sa mise à l’écart de la présidence du
conseil des ministres.
La
source ajoute que si les chefs d’État ne trouvent pas un accord lors de leur
prochaine réunion, une issue technique pourrait consister à confier
temporairement la présidence du conseil des ministres au doyen des ministres
des finances en exercice, le ministre Béninois Romuald Wadagni, qui est en
poste depuis 2016. La réunion du 11 juillet sera donc décisive pour trouver une
solution à cette crise.
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